Sédhiou : Une capitale régionale aux allures d’un gros village

Publié le par Mitch

Erigée en capitale régionale il y a un an, la ville de Sédhiou offre l’image d’un gros village. Il n’y a pratiquement rien, sinon sa belle végétation et ses beaux rivages le long du fleuve Casamance. Le spectacle à l’issue d’une petite balade est désolant : une richesse inestimable dans un îlot de pauvreté.

Dans la capitale du Balantacounda, tous les démembrements de l’administration étatique sont en location. Pas un seul bâtiment n’est construit pour les abriter. A commencer par la gouvernance qui a loué un bâtiment en R+ 2 pour abriter ses locaux. Dans le bureau du gouverneur, l’immobilier qui accompagne un bureau digne d’un représentant de l’Etat fait défaut. Le locataire s’en est même plaint au niveau de la Direction du matériel et du transit. ‘Depuis un an que nous sommes affectés à Sédhiou, c’est hier seulement que la Dmta a signé la commande pour le matériel de bureau. C’est inadmissible’, se désole le gouverneur Cheikh Kâne Niane qui recevait une mission de l’Unfpa dans le cadre d’une campagne de sensibilisation et d’élimination des fistules obstétricales. Au-delà de ces difficultés pour héberger l’administration territoriale et des fonctionnaires de l’Etat, certains services techniques sont également en location. Jusque-là, hormis le service régional de l’Urbanisme, ce sont les anciennes représentations départementales qui continuent à fonctionner, mais à Sédhiou, les antennes régionales se font désirer.

Le mal de Sédhiou reste les infrastructures d’accueil. Aucun hôtel, aucune auberge, les agents en mission remuent ciel et terre pour trouver une chambre où se loger. Le manger pose également problème pour les étrangers qui débarquent dans la région. Et il n’existe dans la région du Balantacounda aucune infrastructure industrielle, entraînant ainsi un chômage chez les jeunes qui n’ont aucune activité rémunératrice.

Côté infrastructures, les routes sont décapées et défoncées. L’axe principal qui passe devant la préfecture, la gendarmerie et qui mène vers le marché est parsemé de nids de poule. Et les routes secondaires sont de véritables ravins, à l’image de celle qui part du poste de la Senelec jusqu’au lycée Ibou Diallo. La région de Sédhiou sombre dans la pénombre. Son électrification est une véritable catastrophe. Depuis 1998, l’éclairage public n’a pas évolué, rendant la visibilité faible dans les axes principaux où les poteaux se comptent sur le bout des doigts. A l’intérieur des quartiers, le danger est permanent. Avec cette végétation luxuriante, on n’ose pas circuler sans se munir d’une lampe torche, de peur de marcher sur des reptiles.

Pourtant, la région de Sédhiou est dotée d’une richesse naturelle insoupçonnée. Ses beaux rivages le long du fleuve Casamance offrent la possibilité de développer le secteur hôtelier et touristique. Il suffit juste de vendre les potentialités de la région aux investisseurs. L’exploitation et la transformation des fruits et légumes pourraient également être un facteur d’attrait pour les investisseurs. Sur le plan culturel, Sédhiou regorge de potentialités avec l’orchestre Ucas (Union culturelle et artistique de Sédhiou) dont le cinquantenaire sera célébré prochainement.

Seulement, la panne d’initiative semble animer les hommes politiques et autres autorités locales de la région du Balantacounda. Ces derniers, compte tenu de la distance et de l’enclavement de la région, éprouvent des difficultés à poser les jalons d’un véritable développement. Déjà le gouvernement de l’Alternance les a laissés sur le carreau. Au niveau de l’appareil étatique, aucun cadre n’est valorisé, exception faite du maire de la ville, le Professeur Amadou Tidiane Bâ, actuel ministre de l’Enseignement supérieur, des Centres universitaires régionaux et de la Recherche scientifique.

www.walf.sn - Issa NIANG - 11/11/2009

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