Casamance : Les dessous d'une accalmie

Publié le par Mitch

Les deux semaines d’affrontements armés dans le sud de Ziguinchor viennent de connaître un répit avec l’accalmie notée depuis 72 heures. Une situation qui trouve sa justification notamment dans les moyens de dissuasion déployés sur le théâtre des opérations par l’armée.


En se faisant attaquer le 21 août dernier par des hommes armés dont l’appartenance au maquis du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) est sans équivoque, l’armée semblait avoir pris toutes les dispositions pour riposter de la façon la plus vigoureuse. Aucun moyen n’a été de trop pour faire payer aux rebelles leur attitude belliqueuse dans une zone où la cohabitation entre les deux camps était pourtant une réalité jusque-là. Armes lourdes et légères, bombardements aériens, rien n’a été négligé dans la contre offensive de l’armée devant un ennemi, surpris par la force de frappe qui était en face. En quelques heures, les rebelles qui étaient non loin de Ziguinchor ont été obligés de se replier, pour éviter la déroute. Le lendemain, les combattants du Mfdc reviennent à la charge, opérant par petits groupes pour déstabiliser l’ennemi. La Casamance venait d’être replongée dans la violence avec ces affrontements qui se poursuivront pendant deux semaines Un antagonisme qui a fait un mort et deux blessés dans les rangs de l’armée et un bilan inconnu chez les rebelles. Des jours de combats entre des rebelles habitués depuis des années à se tourner les pouces dans cette zone apaisée et l’armée, déterminée à défendre et sauvegarder l’intégrité territoriale. Cette volonté de la ‘Grande muette’ s’est traduite par un renforcement de l’effectif militaire, mais aussi, des moyens d’intervention impressionnants. Il suffit de se rendre à Diabir, dans la banlieue ziguinchoroise pour se rendre compte de l’importance de l’arsenal militaire déployé par l’armée pour contrer l’ennemi. Les rebelles du Mfdc pouvaient-ils être insensibles à cet engagement militaire sur le terrain ? Après avoir attaqué des positions de l’armée, l’option offensive semble avoir cédé la place maintenant à l’attitude défensive.

Tout laisse croire donc que la branche armée du mouvement séparatiste casamançais s’est retrouvée contrainte à adopter le profil bas en évitant de persévérer dans des confrontations aux conséquences lourdes, même si du côté du mouvement rebelle, on réfute cette analyse. Une source proche de l’aile politique du Mfdc lie cette accalmie à la médiation menée auprès des combattants par un groupe de villageois. Ces derniers, à en croire notre source, auraient convaincu les rebelles de cesser les hostilités pour mettre un terme aux déplacements de populations, fuyant les zones de combats. Qui plus est, ‘les combattants ne veulent pas de la reprise des hostilités. Tout ce qu’ils veulent, c’est de trouver rapidement une solution à cette crise’, rassure notre interlocuteur.

Quoi qu’il en soit, le calme noté ces derniers jours sur le terrain n’a pas dicté une attitude nouvelle à l’armée qui a maintenu son dispositif. En face, les rebelles qui n’ont jamais accepté que leur quiétude soit perturbée par une présence militaire dans le sud de Ziguinchor se voient imposer une cohabitation dans une zone qu’ils considéraient comme leur territoire. Seulement, cette situation empêche les populations du sud de croire à la paix avec cette proximité entre des ennemis armés, non loin de la capitale de l’ancienne région naturelle de la Casamance, Ziguinchor.

Walfadjiri - Mamadou Papo MANE - 09/09/2009

Publié dans Paix en Casamance

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