Vers une saison touristique blanche : Les acteurs du secteur inquiets
L’enclavement de la région, et la disparition de la compagnie aérienne Air Sénégal International (Asi), sont une grande préoccupation pour les acteurs du tourisme en Casamance. Ils craignent de connaître cette année, une saison touristique blanche. Pour tenter une énième fois de se faire entendre par les autorités sénégalaises, ces acteurs ont tenu un point de presse avant-hier lundi en fin de matinée, dans les locaux du Conseil régional de Ziguinchor. Ils ont exhalé alors, leur amertume : «L’arrêt de notre compagnie aérienne a créé des problèmes ici en Casamance. Pour Dakar, Saly et Saint Louis, leur cas est réglé, car la route est bonne. Mais à Ziguinchor, si Air Sénégal international ne vient pas, qui va venir ici», s’est lamenté Augustin Diatta, le porte-parole du jour des acteurs du tourisme en Casamance.
M. Diatta d’ajouter : «Avant l’arrêt d’Asi, il y avait à Ziguinchor 7 vols par semaine et 3 vols sur Cap-Skirring. Cela faisait un total de 10 vols par semaine. Nous avions deux vols du Club Méditerranée. Nous avions Nouvelles frontières, qui ne viendra plus. S’il n’y a pas de vol en Casamance, les hôtels vont fermer.» Il a même cité un certain nombre de réceptifs hôteliers qui ont mis la clé sous le paillasson, pour affirmer : «Nous sommes très inquiets parce qu’on ne nous soutient pas.»
Michel Billod, le directeur de l’hôtel Kalissaii d’Abené, indique que les acteurs du tourisme avaient interpellé le Président Abdoulaye Wade à Ziguinchor, le 28 février dernier, pour lui faire part de la situation d’Asi et de la piste d’atterrissage d’Abené. Selon M. Billod, le Président Wade avait promis de tout régler rapidement.
Il a indiqué qu’au mois de juin, les acteurs du tourisme en Casamance avaient rencontré le ministre Karim Wade, par le canal de Abdoulaye Baldé, pour lui demander de tout faire pour rouvrir la piste d’Abené et remplacer Asi, ou d’autoriser d’autres compagnies à se poser en Casamance, en attendant la création d’une aériennes nouvelle compagnie nationale. M. Billod affirme que le ministre du tourisme leur avait promis que des avions devaient se poser en Casamance le 20 juin 2009. «On a rencontré le ministre Thierno Lô à Paris en septembre dernier, qui a nous informés qu’une nouvelle compagnie aérienne est créée et que la Tva sur le secteur allait baisser. Malheureusement, rien n’est fait jusqu’à présent, alors que l’ouverture de la saison touristique en Casamance est prévue pour le 23 octobre prochain. Nous craignons que le tourisme ne marche pas bien cette année en Casamance parce que les réservations se font 6 mois à l’avance.»
A cause de l’enclavement et de la saisonnalité, la destination Casamance devient moins compétitive. De nombreux tours opérators hésitent à programmer la Casamance en raison d’un tarif aérien trop élevé. Il faut signaler qu’un billet Paris/Dakar/Cap Skirring représente 30% du coût total du billet alors que le temps de vol lui, ne représente que 10%. Pour rallier la Casamance, il n’est prévu pour l’instant qu’un seul charter Paris/Dakar/Cap Skirring le vendredi, soit environ une centaine de sièges pour une région qui compte 1 200 lits, auxquels s’ajoutent les particuliers et les résidents. Ce vol est co-affrété par Jet tours jusqu’à Dakar, et Air CM qui le prolonge jusqu’au Cap Skirring.
www.lequotidien.sn - E.S. BASSENE - 22/10/2009